En 2015, le Conseil supérieur des programmes a recommandé d’intégrer l’enseignement de la morale laïque dès l’école primaire, suscitant débats et réserves parmi les enseignants. La transmission des valeurs, loin d’être uniforme, varie selon les établissements, les contextes sociaux et les méthodes pédagogiques adoptées.
Quelques études révèlent que les dilemmes moraux marquent davantage les élèves que les injonctions directes. Pourtant, dans les manuels scolaires récents, les fables et les récits exemplaires occupent une place secondaire, ce qui creuse le fossé entre les consignes officielles et la réalité quotidienne des classes.
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Plan de l'article
la morale dans « la cigale et la fourmi » : un miroir de la société
La fable cigale fourmi de La Fontaine, publiée au XVIIe siècle, concentre en peu de vers une lecture aiguë des relations humaines. Derrière la morale cigale fourmi, il ne s’agit pas seulement de célébrer le travail ou de blâmer la légèreté. Cette histoire interroge la justice, la solidarité, la responsabilité partagée. En opposant la cigale, symbole de l’art et de l’insouciance, à la fourmi, incarnation du travail et de la prévoyance, La Fontaine dresse le portrait d’une société en tension.
Souvent perçue comme une ode à l’effort, cette fable reflète surtout les fractures de la France du XVIIe siècle, où l’inégalité règne. La Fontaine, observateur lucide de son époque, laisse planer le doute. Faut-il saluer la rigueur de la fourmi ou s’émouvoir du sort de la cigale ? La morale fable n’apporte pas de réponse tranchée : elle attise le débat, pousse à s’interroger sur la justice sociale.
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Travailler la fable fontaine en classe, c’est ouvrir un espace de réflexion collective. Les élèves découvrent la complexité des valeurs, apprennent que toute histoire recèle plusieurs interprétations. Ce texte encourage à penser la société, hier comme aujourd’hui. Les fables jean fontaine invitent à débattre de la place de chacun dans le groupe, de la reconnaissance des différences, de la façon dont la solidarité se construit ou vacille.
Voici quelques grandes questions qui émergent naturellement lors de l’étude de la fable :
- Travail : est-ce une valeur universelle ou une norme imposée ?
- Solidarité : s’agit-il d’un devoir collectif ou d’un choix personnel ?
- Justice : doit-elle toujours s’appuyer sur la loi ou peut-elle s’adapter aux situations ?
La morale fable cigale n’assène rien, elle suscite la réflexion. La cigale fourmi fontaine agit comme un révélateur : les contradictions sociales, les tensions entre mérite et compassion, entre normes et aspirations, y sont exposées sans fard.
Pourquoi cette fable fascine-t-elle encore les élèves aujourd’hui ?
La fable cigale fourmi conserve son pouvoir d’attraction, du CP à la classe de troisième. Les élèves y trouvent une histoire courte, immédiatement accessible, mais jamais simpliste. La force du récit, où une cigale chante pendant que la fourmi amasse, où l’hiver force le choix, capte l’attention. Mais sous cette apparente simplicité, le texte multiplie les zones grises. Les enfants s’emparent de la question, prennent parti, argumentent : devait-on secourir la cigale ou la laisser affronter les conséquences de ses actes ? La morale garde-t-elle son actualité ?
L’illustration fable anime le débat en classe, tout comme la séance cigale fourmi où le passage par l’image, la chanson, la mise en scène ou la lecture à voix haute permet d’incarner le texte. Les adaptations musicales, qu’elles soient signées Pierre Perret ou Dmitri Chostakovitch, font résonner la modernité de la fable. Même les élèves peu attirés par la poésie classique découvrent un univers vivant, qui leur parle sans les flatter.
La fable cigale devient un prétexte à l’interprétation collective, à l’analyse orale ou écrite, à la fiche lecture. Chacun façonne sa compréhension, interroge la justice, la responsabilité, la solidarité. Le texte laisse la porte ouverte au doute, à la nuance, à la discussion. En cours de français, la fable offre une initiation à la complexité du réel, loin de tout dogmatisme.
transmettre la morale à l’école : défis et leviers pour les enseignants
Enseigner la morale à travers « la cigale et la fourmi » place l’enseignant face à un double défi : transmettre un texte fondateur tout en réveillant l’esprit critique. Les élèves connaissent l’histoire, mais la morale explicite les laisse souvent perplexes, tiraillés entre l’admiration pour la fourmi et la compassion pour la cigale. L’enseignant doit alors jongler entre l’ancrage historique du xviie siècle, la valeur du travail et la construction d’un regard autonome.
Pour éviter le piège de la leçon moralisatrice, certains enseignants choisissent d’élargir le champ : ils confrontent la fable à d’autres textes, de Rousseau à Fabre, pour questionner la nature du mérite ou de la nécessité. D’autres préfèrent la précision du mot, la concision du vers, la subtilité de l’ironie. L’objectif reste le même : éveiller la réflexion morale, sans jamais imposer une lecture unique.
Différentes approches nourrissent ce travail autour de la fable :
- Débat argumenté : inviter les élèves à confronter leurs valeurs, à défendre un point de vue, à écouter l’autre
- Contextualisation : replacer la fable dans la société de La Fontaine et l’ouvrir aux enjeux contemporains
- Pluralité des lectures : montrer que la morale fable évolue selon l’époque, l’expérience, les sensibilités
La séance cigale fourmi devient alors un espace de négociation, un laboratoire d’idées où l’enseignant guide plus qu’il ne dicte. La transmission se joue dans l’échange, le doute, l’expérience partagée du questionnement éthique.
Des activités concrètes pour faire vivre la morale en classe
La fable cigale fourmi ne se limite pas à une lecture silencieuse ni à une simple explication. Pour que les élèves s’approprient la morale, il faut multiplier les modes d’expression. La poésie se vit, se dit, se réinvente. Les enseignants invitent à illustrer la fable, à la mettre en scène, à écrire des suites qui prolongent le récit.
Une idée fréquemment utilisée consiste à proposer aux élèves d’adapter la fable à leur quotidien. L’anthropomorphisme cher à La Fontaine autorise toutes les inventions : la fourmi devient cadre stressée, la cigale artiste intermittente. Ces saynètes donnent corps au débat moral, et révèlent la diversité des lectures possibles.
La voix occupe aussi une place centrale : récitation, mise en voix, chant, voire chorégraphie, permettent de ressentir la force du texte. Certains élèves osent même transformer la fable en rap ou slam, renouant ainsi avec la tradition orale du genre.
Voici un aperçu d’activités qui donnent une dimension concrète à la réflexion morale :
- Atelier d’illustration : s’inspirer de Grandville ou des œuvres vues au Cdi pour représenter la fable en images
- Jeu de rôles : imaginer un débat entre la cigale et la fourmi, pour explorer la richesse des points de vue
- Comparaison : lire la version d’Ésope ou analyser « Le corbeau et le renard » pour questionner la portée universelle de la morale
Plus qu’un exercice scolaire, cette expérience collective, cette confrontation des interprétations et cette créativité font émerger une réflexion qui dépasse largement la simple fiche de lecture. Le temps d’une fable, la classe devient un véritable laboratoire d’humanité.