Le prélèvement de tiges au mauvais moment réduit considérablement les chances de reprise. Pourtant, certaines variétés acceptent des boutures hors saison, à condition de maîtriser quelques gestes précis. La réussite ne dépend pas uniquement du choix du rameau ou du substrat, mais aussi de la façon dont l'humidité et la chaleur sont contrôlées après le prélèvement.L'absence de racines visibles lors des premières semaines ne signifie pas forcément un échec. Les premiers signes de croissance peuvent se manifester tardivement, même chez des tiges qui paraissent inertes.
Le chèvrefeuille, une plante généreuse à multiplier chez soi
Le chèvrefeuille, ou lonicera, s'impose parmi les plantes grimpantes les plus appréciées dans les jardins européens. Son parfum intense, la profusion de ses fleurs estivales et son feuillage persistant en font un allié de choix pour transformer un simple grillage en haie odorante ou offrir un abri discret à la faune locale. On croise ses variétés grimpantes sur les pergolas, ses formes arbustives en haies ou dans des recoins à végétaliser.
Le groupe des caprifoliaceae réserve parfois des surprises. Ainsi, le Lonicera japonica, mieux connu sous le nom de chèvrefeuille du Japon, conserve ses feuilles même lorsque le gel s'invite, alors que d'autres espèces, caducs, repartent de zéro à chaque printemps. Cette capacité d'adaptation, combinée à une croissance rapide, explique la popularité du chèvrefeuille du nord au sud du pays.
Multiplier cette plante à partir d'une bouture reste accessible, même sans expérience ni matériel de professionnel. Il suffit de prélever une tige vigoureuse sur un pied sain, en repérant le bois semi-aoûté, un stade intermédiaire entre le vert tendre et le bois dur, puis d'agir au bon moment. Le chèvrefeuille grimpant ne se limite pas à ses fleurs ou son feuillage : il se partage facilement, chaque bouture perpétuant la vigueur et le parfum de la plante d'origine. Un geste simple pour transmettre robustesse et senteur, année après année.
À quel moment le bouturage donne-t-il les meilleurs résultats ?
Pour le bouturage du chèvrefeuille, il convient d'accorder son tempo à celui de la nature. La fin du printemps et le cœur de l'été se révèlent souvent propices : la tige est alors à la fois souple et suffisamment mature pour s'enraciner rapidement. C'est durant la floraison que la plante mobilise ses ressources, ses tiges gagnent en robustesse, et supportent bien la coupe.
Certains préfèrent tenter leur chance au début de l'automne, surtout avec les variétés à feuillage persistant ou semi-persistant, dans les régions où l'hiver reste doux. La sève circule encore suffisamment pour permettre l'enracinement, même si la croissance ralentit. Pour le bouturage hivernal, seules quelques espèces comme lonicera fragrantissima ou certains chèvrefeuilles à floraison précoce acceptent d'être bouturées à partir du bois aoûté. Dans ce cas, il faut protéger les boutures du gel, sous abri froid.
Pour mieux s'y retrouver selon la méthode et la variété, voici les périodes généralement retenues :
- Printemps-été : Privilégiez des tiges semi-aoûtées, qui s'enracinent plus aisément.
- Automne : Adapté aux chèvrefeuilles persistants dans les zones tempérées.
- Hiver : Possible pour certaines espèces, à condition de les abriter du froid.
Le trio température, lumière et humidité du substrat influe fortement sur le résultat. Installez les boutures à l'écart du soleil brûlant, dans un environnement doux et humide, c'est là que la reprise s'opère le mieux. Prendre en compte le climat local, la variété choisie et la maturité de la tige augmente considérablement les chances de réussite.
Étapes simples pour réussir vos premières boutures de chèvrefeuille
Sélectionnez d'abord une tige saine, ni trop jeune, ni trop lignifiée. Une pousse de l'année de 15 cm fait l'affaire : coupez juste sous un nœud, cette zone concentre la sève et favorise l'enracinement. Supprimez les feuilles du bas sur le tiers inférieur, cela limite les pertes en eau et prépare la base à former de nouvelles racines. Laissez seulement deux ou trois paires de feuilles au sommet, pour que la bouture garde de l'énergie sans se fatiguer inutilement.
Vous avez ensuite le choix entre deux procédés. Le bouturage en eau consiste à placer la tige dans un verre d'eau, en renouvelant régulièrement le liquide, jusqu'à ce que des racines blanches apparaissent. Le bouturage en pot, quant à lui, demande un substrat aéré, mélange de terreau et de sable à parts égales. Plantez la bouture, tassez légèrement puis arrosez. Placez le pot à la lumière, mais jamais en plein soleil.
L'utilisation d'une hormone de bouturage reste facultative : le chèvrefeuille s'enracine sans aide chimique dans la plupart des cas. Ici, le temps fait son œuvre : au bout de trois à six semaines, des racines ou de nouvelles pousses devraient s'installer. Une fois la reprise confirmée, repiquez les jeunes plants en pleine terre, dans une zone fraîche et bien drainée. Ils couvriront treilles, pergolas ou murets en quelques saisons.
Petites astuces pour booster l'enracinement et éviter les pièges courants
Le chèvrefeuille n'est pas invincible lors du bouturage. Quelques attentions permettent d'optimiser la reprise. Maintenez le substrat humide, sans le détremper : arrosez doucement, vaporisez le dessus du pot et évacuez régulièrement l'excédent d'eau dans la soucoupe. Un léger paillage en surface aide à conserver l'humidité et à protéger les jeunes racines des écarts de température.
Installez les boutures sous une ombre légère : une véranda lumineuse ou un rebord de fenêtre exposé au nord ou à l'est conviennent parfaitement. Cela protège le feuillage et donne à la plante le temps de s'installer. Les brusques variations de température sont à éviter, elles ralentissent la formation des racines.
Pour stimuler l'apparition des racines, plongez la base de la tige dans de l'eau de saule, riche en hormones naturelles, ou utilisez une hormone de bouturage vendue dans le commerce. Ce n'est pas indispensable, mais ce petit coup de pouce peut accélérer le processus.
Un détail à surveiller : les racines développées dans l'eau s'acclimatent parfois difficilement au passage en terre. Dès que des racines robustes se forment, repiquez rapidement en pot pour faciliter la transition.
Restez attentif et gardez patience : le lonicera prend son temps pour s'enraciner. Si la tige oppose une résistance douce quand vous la touchez, c'est le signe que le réseau racinaire progresse à l'abri des regards.
Multiplier le chèvrefeuille, c'est finalement s'accorder au rythme d'une nature discrète. Une poignée de semaines, parfois moins, sépare une simple tige coupée d'une liane prête à grimper. Et si, bientôt, votre jardin parfumait tout le voisinage grâce à ces boutures maison ?


